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REVENIR DANS SON CORPS

Réflexion sur ce qui nous éloigne du corps — honte apprise, tabous culturels, économie de l’attention — et sur ce qui permet d’y revenir: sécurité intérieure, présence, lenteur. Dans l’accélération numérique et la culture du “remède miracle”, le vivant lui, demande du temps, des repères, et de la douceur.

Par Éléonore Alexandrakis — mis à jour le 4 novembre 2025

TABLE DES MATIÈRES

 

1) Naître vivant, naître habillé de peau

2) Quand l'innocence rencontre la honte apprise

3) Héritage culturel et tabous

4) Réapprendre à habiter le corps

5) Le corps vaisseau du Vivant

6) Quand l'image prend le dessus

7) Sacré et mondain

8) Un contexte contemporain confus

9) Santé et surexposition à la pornographie

10) La culture du remède miracle

NAÎTRE VIVANT, NAÎTRE HABILLÉ DE PEAU

​​​Le corps humain, comme celui de tout autre mammifère, se forme dans le ventre de la mère, après l'acte de procréation entre un homme et une femme. Il voit le jour paré de nudité et fait partie intégrante du royaume du Vivant au même titre que toute la Nature.

QUAND L'INNOCENCE RENCONTRE LA HONTE APPRISE

Un enfant, tant qu'il n'a pas été conditionné par les croyances des adultes, vit sa nudité avec naturel et innocence. La perception de son propre corps et de son organe sexuel ne devient problématique que lorsqu'un adulte fait comprendre à l'enfant que le corps et le sexe sont à cacher et ne pas mentionner. De là, naît souvent la première expérience de honte de son corps et de soi. Si le parent a lui-même un rapport tabou et dénaturé avec son corps et sa sexualité, il y a de fortes chances qu'il transmette cet "héritage" à son enfant.


« Ce qui est interdit bien que pourtant naturel se transforme souvent en source d'obsession et de tabou. »

HÉRITAGE CULTUREL ET TABOUS

Culturellement parlant, le corps et la sexualité sont stigmatisés par notre héritage judéo-chrétien avec la notion de péché. Ce qui est interdit alors que pourtant naturel se transforme alors en source d'obsession et de tabou. Tous les êtres humains ont un corps et presque tous aspirent à une vie sexuelle épanouissante, pourtant très peu de personnes ont les codes et les outils pour vivre une relation harmonieuse avec leur propre corps et se nourrir d'une sexualité joyeuse, transformatrice et enrichissante.

RÉAPPRENDRE À HABITER LE CORPS

Parcourir le chemin permettant d'apprendre à habiter son corps, vivant et vibrant aide à se défaire de la honte qui peut y avoir été associée dans l'enfance ou au travers de regards et / ou gestes malveillants.
Retrouver le chemin du corps permet de retrouver un sentiment de sécurité intérieure et de développer la confiance en soi.

LE CORPS, VAISSEAU DU VIVANT

Le corps est avant tout corps, matière à l'image de la terre, vaisseau pour notre âme. Il est le véhicule vivant nous permettant d'être présents à la vie et au monde, d'être traversés par nos émotions, nos ressentis, de profiter de la richesse de notre capacité sensorielle.


« Le corps est le véhicule vivant nous permettant d'être présent à la vie et au monde. Il n'est pas objet. »

QUAND L'IMAGE PREND LE DESSUS

Le corps humain ne devrait pas être une source de tabou et encore moins réduit à un objet, sexuel ou non. Malheureusement à force de vouloir le faire taire, d'en faire un objet soumis aux dictatures du mental, de l'image et du paraître, on en oublie d'être vivant et l'on se déconnecte de la sagesse inhérente à notre propre corps. Pourtant notre corps sait tout de ce que notre mental cherche à occulter et connaît toutes nos croyances, toutes nos histoires, nos blessures, jusqu'à celles des générations avant nous. Le corps est le détenteur de la sagesse du vivant.

SACRÉ ET MONDAIN

Dans ce monde où le corps humain est trop souvent réduit à une image, sujet à marchandage ou encore sujet de conflit intérieur, il me semble essentiel de réapprendre à valoriser le corps pour tout ce qu'il est dans ses dimensions sacrée et mondaine.

UN CONTEXTE CONTEMPORAIN CONFUS

La pornographie, les médias et réseaux sociaux, la méconnaissance de soi, de son corps et de la nature ainsi que le poids de siècles de tyrannie religieuse visant à briser et soumettre la puissance de l’essence féminine, créent un contexte confus, parfois violent, et difficile à naviguer pour les femmes comme pour les hommes. Parallèlement, la cadence s’est emballée avec internet: notifications, flux d’images et d’opinions en continu accélèrent nos journées et fragmentent notre attention. Cette hyper-stimulation, jointe au stress chronique (pression de performance, insécurité économique, surcharge mentale), met nos systèmes nerveux en alerte: respiration superficielle, sommeil léger, impulsivité, désensibilisation et engourdissement.

Dans ce brouhaha, le rapport au vivant est remplacé par l’image du vivant; le corps devient à la fois vitrine et champ de bataille. La pornographie, les réseaux sociaux et la marchandisation du “bien-être” n’aident pas: ils standardisent le désir, confondent intimité et spectacle, entretiennent la comparaison permanente. Ce contexte est d’autant plus inquiétant pour nos jeunes et nos enfants, bâtisseurs du monde de demain.

SANTÉ ET SUREXPOSITION À LA PORNOGRAPHIE

La pornographie est une source importante de mal-être et de déconnexion (perte de notion de la réalité et du rapport humain). Elle peut contribuer à des troubles sexuels observables chez de plus en plus d'hommes  (impuissance, perte de sensations, addiction, etc.) mais aussi chez les femmes. Ces troubles bien que réversibles s'ils sont adressés, créent souvent un sentiment de honte et de perte d'estime de soi qui induit  au silence et à la non-action.

        Sexualité Consciente

LA CULTURE DU REMÈDE MIRACLE

Nous baignons dans les promesses d’instantané: “hack” de productivité, cure détox en 7 jours, “reprogrammation” en un week-end, supplément miracle, rituel express… Cette logique du raccourci — souvent amplifiée par les algorithmes — vend l'illusion d'un soulagement rapide et sans efforts, sans considérer ce que signifie réellement habiter le vivant. Elle entretient la course à la performance du “moi amélioré”, la chasse à la dopamine et, parfois, un évitement des émotions lourdes (peur, tristesse, colère) et du véritable travail sur soi sous couvert de “positivité” ou de spiritualisation.

Pourtant, un système nerveux ne se “répare” pas en un clic. Il se régule par doses justes (titration), par la répétition sécurisée, à travers le juste rythme et la relation. Le corps intègre par l’expérience, pas par les slogans: élargir progressivement la capacité à sentir sans se submerger, tisser de nouveaux réflexes, consolider. Les progrès ressemblent moins à une ligne droite qu’à une spirale.


« Le corps n’obéit pas aux slogans: il apprend par le biais de la répétition et dans la durée. »

Revenir dans son corps, ici, c’est accepter de respecter le rythme du vivant: décélérer, pratiquer des gestes simples et réguliers, préférer l'inconfort de la présence à la promesse illusoire.

Références:

 

1) OMS — Santé sexuelle: https://www.who.int/fr/health-topics/sexual-health

2) APA — Stress effects on the body (effets du stress chronique): https://www.apa.org/topics/stress/body

3) National Library of Medicine — Interoception and Mental Health - A Roadmap: https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC6054486/

4) CNRS — L’attention, un bien précieux (économie de l’attention): https://lejournal.cnrs.fr/articles/lattention-un-bien-precieux

5) Scientific reports (2023) — Clarifying and extending our understanding of problematic pornography use through descriptions of the lived experience: https://link.springer.com/article/10.1038/s41598-023-45459-8

6) Eating Disorders Journal (2025) — Réseaux sociaux & image corporelle: https://jeatdisord.biomedcentral.com/articles/10.1186/s40337-025-01286-y

7) Sigusch (2004) — transformations culturelles de la sexualité: https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC2703209/

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